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42 FESTIVAL THE ART OF ENCOUNTERING P ort-Louis nous fait rêver » avouent Astrid Dalais et Guillaume Jauffret et Porlwi (épelé en créole), grâce à eux, va voir souffler le grand air de la nature. Couple fondateur de festivals des cultures contemporaines, trentenaires enlacés comme des lianes, à la ville comme sur les scènes, ils sont aux prises avec les prépa- rations frénétiques de leur prochain évé- nement Porlwi by Nature. Un troisième épisode – après Porlwi by People et Porlwi by Light – qu’ils ont voulu comme une fête pour des centaines de milliers de spectateurs mauriciens reconnectés enfin avec leur terre, prêts à s’enraciner dans le patrimoine de la ville et la faire respirer par des perfor- mances qui la changeront durable- ment. Ouvert à tous les talents glanés ici et ailleurs, artistes, penseurs, cuisi- niers ou acrobates, il mettra en scène passions et pulsions créatives au cœur de l’île Maurice. Un parcours virevoltant Le but du jeu pour Astrid est : « d’engager le dialogue, de faire battre le cœur des Mauriciens au rythmede la cultured’aujour- d’hui et de réinventer la capitaled’une îlequi m’étonne par la qualité de ses artistes, en les accompagnant. » Guillaume précise : «On a été les chercher et planter des graines dans les esprits, prêtes à germer. » Pour cette célébration : « de l’essence de la vie sur notre territoire » ils iront débusquer autant le pépiniériste que le plasticien et chasser les têtes des anthropologues comme celles des architectes paysagistes. Au bout d’une allée de manguiers cente- naires, dans les bureaux de Porlwi et Move forArt, performe ceduoaux charmes effer- vescents. Lèvres rouges souriantes valsant autourdemotsbienpesés,quesoncomplice à l’œil espiègle cueille et renvoie. Lui parle de sa « poukni », celle qui allume le feu en hindou local, elle s’est baptisée « souf- fleuse d’idées » lors d’une des étapes d’une précédente carrière dans la com’. Astrid a ainsi vagabondé 11 ans sur les sen- tiers du tourisme haut de gamme, local et international, tandis queGuillaume, quittant l’île à 14 ans, dansait, bondissant du Sacre du Printemps chez Béjart à Roméo et Juliette ou Mozart, l’opéra rock. Une pirouette en Espagne et il revient fonder Move for Art à Paris, proposant des événements forcé- ment artistiques et souvent originaux à de grandes entreprises. Après avoir travaillé au Park Hyatt Vendôme, avec lamission de faire du palace un lieu d’art et de culture, elle collabore occasionnellement avec Guillaume sur des projets pour Vivendi, Omega ou Total, à Paris. Deux ans de succès quiremplissentleurcarnetd’adressespointues. Réenchanter Porlwi Mais Maurice appelle… D’abord Guillaume, pour diriger les célébrations des 45 ans de l’Indépendance puis, compagnons de vie, avec un petit garçon en route, ils rentrent sur leur île en 2012 : « pour tenter de l’ouvrir au monde avec ses possibilités fantastiques. La jeunegénérationétait prête au partage…mais manquait de structures. » Alors ils entreprennent de réenchanter leur « Porlwi » avec quelques sous – des contri- butions à 90 % privées – et beaucoup d’éclectisme et de hardiesse dans leurs choix tant locaux qu’internationaux. En marge du festival, ils partent à l’abordage des établissements des marchands chinois pour faire exploser desmessages bariolés de streetartsur23mursaulongdesruesparfois glauques de Port-Louis. Ils organisent aussi un « Porlwi Lab » auxprovocants colloques, rassemblant debeaux esprits sur des sujets sensibles. N’ayant plus peur désormais de mettre les pieds dans les réalités économi- ques, ils provoquent des émotions fortes chez leurs sponsors et associés. Leurmission pour les 10 prochaines années ? Cibler leur ambitieusedirectionartistique: «pourchanger délibérément le paysage urbain avec des propositions qui réveillent et agitent…» et continuer de clamer en chœur leur cri de ralliement : « Explorer notre passé pour mieux appréhender l’avenir. » FOR ASTRID, THE IDEA IS “ TO INITIATE A DIALOGUE, TO MAKE THE HEART OF THE MAURITIANS BEAT… ” LE BUT DU JEU POUR ASTRID EST : « D’ENGAGER LE DIALOGUE, DE FAIRE BATTRE LE CŒUR DES MAURICIENS… » © Photo Éric Lee «

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