Beachcomber Magazine 02

au point de réclamer et d’obtenir en 2002 son autonomie dans la gestion des affaires intérieures. Le signe d’une volonté de « prendre son destin en main », souligne Serge Clair, chef commissaire au Parlement rodriguais. Depuis, les infrastructures se dévelop- pent à vive allure. Le réseau routier est, en partie, refait à neuf. La piste d’atter- rissage en passe d’être agrandie pour accueillir des gros porteurs. Sur les étales du marché, des produits « arti- sanaux » sont fabriqués en Chine. La jeunesse est désormais connectée sur Facebook. Dans le même temps, elle déserte les bancs de la cathédraleSaint- Gabriel – la plus grande de l’océan Indien – et se détourne des champs. Inévitablement, les rêves et les aspira- tions sont en trainde changer de couleur. NOU LAVENIR, NOTRE AVENIR « Le danger ce n’est pas le développe- ment, encoremoins les touristesqui parti- cipent au développement de l’écono- mie locale. Le vrai fléau c’est la pauvreté. Onpeut accueillir lamodernité et le pro- grès sans pour autant laisser prospérer l’alcool, la drogue, la prostitution. » Sœur Marie Naikene ne lâche rien. Née en 1976, elle a voyagé de Maurice jus- qu’en Inde, venant en aide aux plus démunis. De retour dans son village de Rivière Coco, elle a construit en dix ans le centre Rodrigues Student Needs Association (RSNA), qui dispense à plus de deux cents jeunes en difficulté des cours de langues, de musique, d’informatique, et les accompagne dans leur projet devie. Elledit avecfierté « ses » jeunes. Ceux qui ont renoué le lien avec la terre et l’élevage. Ceux qui sont partis à l’université, à Maurice et « même » en Afrique du Sud. Ceux qui sont devenus policiers, infirmières et « même » professeurs. « Il faut qu’ils voyagent, découvrent ce qui se passe dans le monde et qu’ils reviennent enrichir l’île de leur expérience. Il y a un retour possible à Rodrigues car, même si le paysage change, les gens restent courageux et solidaires. » Cesoir, lamer adisparuet lamémoiredes vagues forme des sillons dans le sable. Il existe pourtant, au mitan de l’océan et de l’histoire, la promesse d’une île.  Left: the end of Sunday mass in Saint Gabriel, the biggest church in the Indian ocean. the devoutly religious island welcomed Pope Jean-Paul II in 1989. Right: the screw pines with their tentacular roots watch over the village of Songe. Gauche : sortie de la messe dominicale à saint-Gabriel, la plus grande église de l'océan Indien. L’île fervente a accueilli le pape Jean-Paul II en 1989. droite : Les vacoas aux racines tentaculaires veillent sur le village de songe.

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