Beachcomber Magazine 02

awanderingchild,hewaslatecoming home:“ Quel tour de Babylone as-tu encore fait ? ”(“Wherever haveyou beenwanderingaround?”). BarlenPyamootoo’snovelsarejourneys intothemind,rootedinMauritius,but inanimprecisemannertoavoidany realisticidentity. Althoughheoftentravelstootherplaces, BarlenPyamootoowritesonlyinMauritius. Theplaceofhisorigins,wherehisfather, returningfromexile,stilllives,andwhere hismother,whoalsocameback,was killedbyabusin2006–adeeplyunfair, violenttraumaforthewriter,whopaid herapoignanttributeinsalogi’s .Does heeversufferfromisolationorinsularity? “ sometimes, heanswers.the sea is like prison bars, it’s suffocating; it shuts you in. But at the same time, it’s the whole wideworld, right in front of us. that iswhat i love somuch aboutmauritius: we come here, wego away, andwe comeback. ” L ’île Maurice n’est pas grande, difficile de s’y cacher. Pourtant, un jour après déjeuner, au lieu de retourner à sa boutique de Centre de Flacq, Anil s’est volatilisé. Il faudra du temps à Mirna, sa femme, pour l’accepter : son mari ne rentrera pas. La police n’a pas la moindre piste. Au bout de deux ans d’attente, elle finit par céder aux avances d’un député. quand soudain, le disparu réapparaît… Publié en 2017, L’île au poisson veni- meux est le quatrième roman de Barlen Pyamooto. C’est une plongée dans la vie quotidienne de l’île et de son petit peuple de commerçants, d’employés, de policiers, d’élus locaux. une vie plutôt désenchantée, entre ennui et intrigues, cancans et clientélisme, qui rompt avec les clichés exotiques habi- tuels sur Maurice. Comme son personnage, Barlen Pya- mootoo est né à Centre de Flacq, en 1960, dans une famille tamoule. Avec Ananda Devi, Nathacha Appanah, Carl de Souza, Shenaz Patel …, il fait partie de la nouvelle génération de romanciers francophones si vivace à Maurice. Son père tenait une épicerie- bazar, qui périclita après l’Indépen- dance, et il vécut ensuite de petits boulots. Sa mère, issue d’un milieu très pauvre, n’apprit à lire et écrire qu’à l’âge adulte. troisième enfant d’une fratrie de huit, Barlen Pyamootoo avait douze ans quand sa mère partit travailler en Allemagne. LITTÉRATURE ET CONSOLATION Malheureux de cette séparation, l’ado- lescent se console dans les livres : « On partageait notre logement avec un maître d’école. À son départ, il a laissé des livres. des romans de la fin du XIX e siècle, des manuels de physique, de chi- mie. Ils m’ont donné le goût de lire. Mon frère s’est mis aussi à me raconter des histoires, comme la guerre de troie. J’adorais hector, je pleurais quand Achille le tue. J’ai découvert la littéra- ture comme ça. des années après, j’ai dit àmon frère : tum’as sauvéparceque tu m’as fait rêver. Peu importait l’origine des histoires. La littérature est sans passeport. » Pour Barlen Pyamotoo, les Mauriciens, parcequ’ils sont venus dumonde entier, sont cosmopolites de nature. Dans leur manière de vivre, de s’habiller, de faire de la musique, de manger : « C’est le cosmopolitisme du pauvre », dit-il en riant. Dans son enfance, il entendait parler français, créole, tamoul, bohjpuri, chinois, anglais. Autant d’ouvertures à l’autre, d’appels du large. « J’aime être à cheval sur plusieurs mondes, à Mau- rice et ailleurs en même temps. Maurice est un pays hybride, créolisé. Nous sommes d’ici et d’ailleurs, des “dimoun”, des gens du monde. » En 1977, Barlen Pyamootoo part à son tour avec son père pour Strasbourg, où vit une importante communautémauri- cienne. Il y fait des études de lettres et de linguistique, et commence à ensei- gner. Mais le mal du pays le travaille. En 1994, il choisit de retourner à Maurice. Pour écrire. Il s’installe à trou d’Eau Douce, où samère a acheté unemaison. Cinq ans plus tard, à 39 ans, il publie son  LITERATURE THE ART OF ENCOUNTER 32

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