Beachcomber Magazine 03

The plantation owners had almost unlimited power over them. Among other sufferings, these exiled “labourers” were cut off from their roots and their culture, and many, for whom the sanctuaries in the fields and the temples in the villageswere not enough, sought out places that reminded them of their homeland. The lake at Grand Bassin was one such, and became a symbol of identity. Not only did it embody a renewed link with India, but also, being miraculously fed by the underground waters of the Ganges, enabled the ashes of dead Mauritians to return to the land of their ancestors.  C e n’est pas un très grand lac, juste le modeste cratère d’un volcan éteint. Une étendue d’eau à l’intérieur des terres, à 500mètres d’altitude, quelque part dans le sud profond de l’île Maurice, entre Mahébourg et le Morne Brabant. Entouré de forêts, le lieu est solitaire, un peu mystérieux, et souvent couvert de brume, ce qui lui avait valu le surnom de Pari Talao , «le lac des fées». Au tournant du xx e siècle, son destin paisible a basculé, au point de devenir un des sites les plus fréquentés de l’île. Le lieu saint du culte hindou à Maurice. DE LA LÉGENDE... Un récit de la mythologie hindoue dit que Shiva secoua sa chevelure et qu’une goutte d’eau perla au-dessus du cratère d’un volcan, donnant naissance au lac sacré… Selon une autre légende, un prêtre hindou, un pandit , du village mauricien de Triolet aurait fait en 1897 un rêve au cours duquel un lac caché en forêt lui était apparu comme une résurgence du Gange. Le Gange, fleuve sacré des Hindous, celui où leurs cendres doivent être dispersées sous peine de ne pas pouvoir atteindre le nirvana. Le pandit partit donc à la recherche de ce lac, découvrit celui de Grand Bassin, le trouva conforme à sa vision et la nouvelle se répandit dans toute l’île. Et les pèlerins com- mencèrent à affluer. À tel point que le lac de Grand Bassin devint au fil des décennies Ganga Talao, le « lac du Gange ». ... AU RÉCIT CONTEMPORAIN Un premier temple au dieu Shiva fut construit sur ses rives, puis un autre, et un autre encore. Aujourd’hui, on en compte une demi-douzaine, dédiés à Shiva, mais aussi à d’autres divinités, comme le dieu singe Hanuman, dont l’édifice, autour duquel s’est installée une colonie de singes, domine depuis son monticule tout le site. En 1972, au cours d’une cérémonie officielle de consécration organisée par les gouvernements indien et mauricien, un grand prêtre venu d’Inde versa rituellement de l’eau du Gange dans le lac. Depuis, Grand Bassin n’a cessé de prendre de l’importance dans l’hindouisme, qui est aujourd’hui la religion majoritaire du pays. Chaque année s’y déroule la fête hindoue la plus importante de l’île Maurice, le Maha Shivaratri. Pendant quatre jours, venus du monde entier, des dizaines de milliers de pèlerins rallient Ganga Talao, en voiture, en autobus mais aussi à pied, souvent vêtus de blanc, et portant le « kanwar », un temple miniature  BEAUTIFUL STORY 12

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