Beachcomber Magazine 03

TROMELIN THE ART OF MEMORY 76 malgaches et un bébé de huit mois qu’il vient d’arracher à l’île de sable. DEUX CENTS ANS PLUS TARD… Le 12 juin 1972, un jeune lieutenant de vaisseau français tente de débarquer des fûts de gasoil pour nourrir la petite centrale qui alimente la station météo installée ici depuis 1954. Max Guérout, officier en second du Provençal , décide malgré tout de livrer les bidons à la nage, puisqu’aucun canot ne peut accoster tant la mer est forte. Palmes, masque de plongée, il se jette dans le ressac en propulsant un bidon devant lui pour servir de pare-chocs. La vie du jeune lieutenant en sera changée. 34 ans plus tard, il est de retour sur l’île avec une équipe d’archéologues. Maître de son temps après une carrière exemplaire, il a décidé d’en savoir plus sur l’histoire de ces esclaves oubliés sur un banc de sable qui recouvre à peine un massif corallien, pas plus grand que le jardin des Tuileries: 1,3 km sur 300 m. Nettoyé à chaque typhon par des vents à 240 km/h. Il va mener quatre missions entre 2006 et 2013, pour découvrir les traces des victimes et dire comment 88 robinsons ont pu survivre en se nourrissant d’œufs de tortues, de fous de Bassan rôtis. L’officier passionné d’histoire les a sauvés du néant en racontant : « L’histoire d’une poussière de corail perdue au milieu des flots : une minuscule graine de mémoire, comme une particule élémentaire de matière historique. » LA FRESQUE DE SYLVAIN SAVOIA Capitaine de vaisseau, Max Guérout a génétiquement le sens de l’équipage: dix spécialistes seulement, faute de place, l’entourent pour chaque mission. Le plus inattendu de ses marins de sable et de corail, est Sylvain Savoia, qui nous propose le « film » de ce drame que l’on feuillette à son gré et qui devrait séduire des producteurs. Passionné par l’histoire des hommes, il rend compte d’une injustice criminelle et donne la parole aux archéologues bien sûr, aux marins de LouisXV et surtout aux esclaves. Images sous-titrées avec empathie. La « graine de mémoire » plantée par Max Guérout est devenue un magnifique arbre du souvenir. Pour ne jamais oublier.  Les Esclaves oubliés de Tromelin, Sylvain Savoïa, Aire Libre, éd. Dupuis, 2015. Worth reading: Tromelin, Mémoire d’une île, Max Guérout, éd. CNRS, 2015. A modest title for a passionate journey, scholarly, thorough, perfectly accomplished. A scrap of an island in an ocean of hitherto unseen information is the setting for a crime which was both “ordinary” and exceptional. À lire : Tromelin, mémoire d’une île, Max Guérout, éd. CNRS, 2015. Un titre discret pour un passionnant voyage, érudit, minutieux, parfaitement réussi. Une île confetti retrouvée dans un océan d’informations inédites est le lieu d’un crime à la fois « ordinaire » et exceptionnel. 

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