Beachcomber Magazine 04

“SAGREN” Today, she’s working on a new novel about DiegoGarcia, an atoll to the south of the Chagos Archipelago, which remained under British ownership, but for whichMauritius claimed sovereignty. In the past few decades, Diego Garcia has become a US military base. The deported inhabitants of Chagos had to leave the archipelago for Mauritius or the Seychelles, and most of could did not bear this forced exile. They demand that the US base should close so that they can return home. Some died suddenly, fromno apparent cause. They say the “sagren” killed them. “Sagren” means sorrow, the pain of loss, regret for paradise lost. The very feelings that consume Paul, as resuscitated by Natasha.  M auricienne d’origine, Natasha Soobramanien n’a jamais vécu à Maurice. Elle est née et a grandi à Londres. Sa première vision de Maurice, elle l’a eu à travers une histoire. Celle de Paul et Virginie , que sa mère lui racontait quand elle était enfant. À la maison, il y avait une vieille édition en français du roman de Bernardin de Saint-Pierre, reliée, et dont les gravures anciennes la « fascinaient ». Souvent, Natasha Soobramanien feuilletait les images du livre, et rêvait. Ce ne fut que beaucoup plus tard, quand elle maîtrisa assez le français, qu’elle lut pour de bon le roman de Bernardin de Saint-Pierre. La dimension tragique, quasi mythique, de l’intrigue la bouleversa, bien sûr, mais pas la  LITERATURE THE ART OF ENCOUNTER 34 description paradisiaque de l’île de France. L’absence de critique de l’esclavage, notamment, lamit d’autant plus en colère que dans son journal de voyage, Bernardin de Saint-Pierre ne se privait pas de remarques acerbes à ce sujet. REVISITER LE MYTHE Ce n’est donc pas un hasard si Natasha Soobramanien, après des études littéraires et des cours de creative writing à l’université East Anglia à Norwich, a choisi pour son premier roman de revisiter l’ouvrage de Bernardin de Saint-Pierre. « Maurice est pour moi comme un arrière-pays où je ne suis allée que deux ou trois fois, que je ne connais donc pas bien. J’ai lu tout ce qui pouvait me relier à Genie and Paul , Natasha Soobramanien, Myriad Editions, 2012 Genie et Paul, traduit de l’anglais par Nathacha Appanah, Continents Noirs Collection, Gallimard, 2018

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