Beachcomber Magazine 04

EXHIBITION THE ART OF ENCOUNTER 42 A u Dock 13 à la rade du Trou Fanfaron à Port-Louis, Lætitia Lor et Alicia Maurel font résonner leur rire, joyeuses d’avoir trouvé ce grand volume d’architecture portuaire pour abriter leur plateforme culturelle et artistique The Third Dot. SANS LIMITES Depuis le début de leur collaboration il y a quatre ans, Alicia la Mauricienne multidiplômée, et Lætitia l’artiste française nomade, s’attachent à ressusciter les lieux du patrimoine industriel mauricien. Leur ambition ? « Faire redécouvrir aux visiteurs ce qui leur appartient vraiment et y ramener de la vie avec des expositions éphémères autour de thèmes divers, des plus ludiques aux plus élaborés . » Et quand elles investissent des lieux « réguliers », alors elles n’hésitent pas à bousculer les codes. Ainsi l’exposition Metaform en 2018 a envahi la mezzanine de la Rogers House, building moderniste iconique d’un des groupes mauriciens les plus actifs, pionniers du tourisme et de l’aviation. Le public s’est laissé séduire par les drôles d’objets détournés. Avec ces œuvres d’artistes mauriciens, elles ont osé remplacer les lourds bronzes traditionnels habituellement proposés aux clients et managers de Rogers Capital par des assemblages ludiques. Un mécène qui affirme à propos de sa collaboration avec le duo de choc: « Il faut être prêt à être bousculé, dérangé, à perdre momentanément ses repères ! » UN ART PLURIEL En avril 2019, The Third Dot investit le Granary Building, un ancien entrepôt de grains devenu un lugubre garage, avec la deuxième édition d’une expo lancée en mars 2016, Borderline(s) : « Un “s” pour souligner l’invitation aux artistes de l’océan Indien et pour questionner la notion de limite et de frontière », explique le duo. Ainsi a-t-on découvert des créateurs éclaireurs, prolifiques et multimédias, de l’île mais aussi de La Réunion, de Madagascar, du Kenya, d’Afrique du Sud et de Tanzanie, d’Inde et d’Australie. La centaine d’œuvres – peinture, photo, sculpture, performance, vidéo – atteste de l’effervescence créative actuelle, nourrie par le brassage des migrations et par les grands bouleversements envi- ronnementaux. « Nous avons voulu sonder “l’évolution des espaces artis- tiques dans les pays postcoloniaux” », dit Alicia Maurel, auteur d’une thèse qui porte ce titre, soutenue au Central Saint Martins College of Arts à Londres. L’AUTRE ESPACE Au cœur de leur recherche : l’hybridité. The Third Dot se veut un espace à l’intersection des mémoires, cultures, modes d’expression, dans cet « entre- deux » où jaillit une pensée ouverte, ample et mobile, un art vif, pluriel et hybride. Alicia Maurel et Lætitia Lor citent l’un de leurs maîtres à penser, Homi Bhabha, directeur du Mahindra Humanities Center à Harvard : « Le processus d’hybridité culturelle donne naissance à quelque chose de différent, quelque chose de neuf, que l’on ne peut reconnaître, un nouveau terrain de négociation du sens et de la représentation. » En explorant ces territoires, Alicia et Lætitia ont l’ambition de faire de Maurice le nouveau hub artistique de l’océan Indien en décryptant, disent-elles, « les changements qui se produisent au-delà du passé colonial qui a régné sur ces régions et qui déclenchent, dans le milieu créatif, de plus en plus de pratiques novatrices ».  A symbolic piece by Audrey Albert, a Mauritian artist from the Chagos Archipelago. Une œuvre symbolique d’Audrey Albert, mauricienne, originaire de l’archipel des Chagos. Multi-coloured silhouettes by Peterson, a Kenyan artist. Les silhouettes multicolores de Peterson, artiste kenyan. An abstract by Leila Payet from Reunion Island. Une œuvre abstraite de Leila Payet, venue de La Réunion.

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