Beachcomber Magazine 04

I l faut rouler le long de la côte, entrer dans les terres et longer le sentier de la rivière Sèche. Alors, près de Vacoas, un jardin sauvage de camphriers, manguiers, litchis, bambous géants, déborde autour d’une architecture contemporaine de bois et de verre : la maison d’Alix Le Juge, qu’elle a dessinée avec son mari ingénieur, il y a une dizaine d’années. À l’écart, au-dessus du garage, son atelier. C’est Sam, un chien blanc, qui nous y conduit. Alix est vêtue de bleu délavé, presque comme ses yeux vert-de-gris. LA RENCONTRE Le lieu est ordonné et lumineux. Les toiles sont retournées contre les murs, maculés d’éclats de peinture. Elle garde ses mains dans ses mains comme pour se rassurer. Peu à peu la parole se libère et les toiles, une à une, se découvrent. « J’ai grandi en Afrique du Sud où je suis née en 1967. Après mes études à l’université de Durban, j’ai exercé le métier de graphiste. En 1991, j’ai choisi de venir vivre à Maurice, d’où ma fa- mille est originaire – c’est l’une des premières familles à s’y être installée. Le même sentiment d’exil m’ac- compagne où que je sois. Là-bas, j’étais mauricienne. Ici, je suis sud- africaine... Mon père était capitaine de bateau de commande, comme mon frère aujourd’hui. Xavier, mon grand- oncle, était peintre. » Mais son engagement artistique – qui coïncide avec son installation à Maurice –, Alix le Juge le doit surtout à sa ren- contre avec les œuvres de Nicolas de Staël et de Mark Rothko. Et plus largement, à la nature, source vive de son inspiration. 

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