Beachcomber Magazine 05

THEATRE THE ART OF ENCOUNTER 38 I l écrit sa vie ( Le Dictionnaire de ma vie , 2018) et, intensément, habite ses rôles, où se mêlent le plus souvent dérision, drôlerie et désespoir. On reconnaît dans ses costumes de scène l’enfant terrible qui passait son temps à amuser la galerie et « faire le clown ». Né en mai 1951 à Paris, fils d’un entrepreneur dans le bâtiment, il grandit à Puteaux en banlieue parisienne. « C’est grâce aux scouts où je fai- sais des sketches que je suis de- venu comédien ! » Une vocation relayée au lycée Pasteur à Neuilly alors qu’il rencontre Christian Clavier, Michel Blanc et Thierry Lhermitte, « l es camarades de ma vie ». La joyeuse bande, rejointe par Marie- Anne Chazel, crée la troupe du Splendid en 1974, « à la grande époque du café-théâtre ». Les succès s’enchaînent. La pièce Amour, coquillages et crustacés est adaptée au cinéma par Patrice Leconte : Les Bronzés sont nés. En 1979, sort la suite mémorable, Les Bronzés font du ski. Sur les planches, le Splendid signe les pièces cultes : Le père Noël est une ordure (1979) et Papy fait de la résistance (1980). Révélé au grand public, le comé- dien prend son envol, tourne sous la direction de Jean-Marie Poiré, d’Edouard Molinaro…, avant de passer derrière la caméra. En 1991, il réalise Une Époque formidable , qui retrace l’histoire d’un cadre qui, face au chômage, devient un sans-abri. Et, dans les années 2000 triomphantes, Meilleur espoir fémi- nin , ainsi que Monsieur Batignole. En tant qu’acteur, il porte Les Choristes (Christophe Barratier) et retrouve la troupe du Splendid avec Les Bronzés3 : Amis pour la vie. MÉLANCOLIE ET COMÉDIE « Le rire est une chose importante. Le rire avec , pas celui qui est contre et qui appelle la haine ou le mépris », souligne l’artiste. « Le rire apporte de la légèreté au drame et le drame donne un peu de poids au rire. » Clown grave, père Noël peau de vache, bronzé inoubliable, il interprète Aymé, riche mari au cœur tendre berné par une jeune épouse vénale, dans La Raison d’Aymé d’IsabelleMergault. Sous le rire, Gérard Jugnot – qui dit avoir, dans la vie, « un cœur raisonnable »… - porte un regard poétique qui ne laisse rien de côté. « Une comédie c’est un drame qui s’arrête à temps. On rit d’un mal- heur qui ne nous arrive pas à nous mais à l’autre. L’alchimie consiste à transformer la noirceur, le drame, en rire et en plaisir », dit le comédien qui est aussi le metteur en scène de la pièce. « Dans la vie, j’essaye de mettre du rose sur mes inquiétudes. Je suis un mélancomique. Les personnages que je crée sont ceux que j’ai réussi à ne pas devenir… Ce sont mes cauchemars ! » Passionné par ses métiers, il garde une énergie et un désir intacts. Et toujours se délecte des cadeaux de la vie : les amis, le rire, la poésie. Alors bien sûr, quand le directeur de théâtres parisiens Pascal Legros, avec l’aide de son partenaire sponsor Beachcomber, initie le festival, Gérard fait partie de l’aventure. « Généralement le rire est difficilement exportable. Pourtant, à Maurice, le public est doué d’une grande ouverture d’esprit. C’est une société riche de ses diversités culturelle, ethnique et linguistique. Tout le monde parle le français. L’échange est fluide et le rire est au cœur. » L’édition 2020 des Théâtrales prend ses quartiers au théâtre du Caudan à Port Louis du 26 mai au 6 juin. Gérard Jugnot cède sa place à Richard Berri. Pour mieux revenir ?  The actor signs his first staging with Isabelle Mergault’s play La Raison d’Aymé . Le comédien signe sa première mise en scène avec la pièce La Raison d’Aymé d’Isabelle Mergault.

RkJQdWJsaXNoZXIy NjMzMjI=