Beachcomber Magazine 05

HORSE STABLES THE ART OF DISCOVERY 50 LES SOUVERAINS « Mon grand-père, Sir Radhamohun, était un homme très pieux qui jamais ne prenait ses repas en dehors de chez lui. En 1972 la reine Elizabeth II l’a invité à déjeuner sur le yacht Britannia. Il déclina l’invitation, mais accepta d’être présent sans rien consommer. En 1976, il a été anobli par la reine. Avec Ton Mica, dont le décès en 2007 a plongé l’île dans un deuil populaire, ils ont écrit l’histoire des courses et de notre île. » Entraîneur de l’écurie depuis 2002, le fils de Sir Radhamohun, Ramapatee Gujadhur, surnommé « Mr Classic », sacré meilleur entraîneur en 2012 et 2015, a lui aussi écrit une nouvelle page en offrant à l’écurie la victoire des quatre courses reines (Duchesse, Barbé, Maiden et Coupe d’Or) en 2017. Un exploit survenu une seule fois, il y a 83 ans. À présent, ses deux fils Tikanand et Hemant Kumar préparent la relève. À Tikanand, avocat de renom, revient la charge de la gestion de l’écurie et des acquisitions des chevaux en Afrique du sud. Au Dr Hemant Kumar, qui a étudié et pratiqué la médecine pendant 22 ans en Angleterre, la mission d’entraîneur de l’écurie. L’ÉCURIE, UNE GRANDE FAMILLE L’écurie représente une équipe de 22 palefreniers, une quarantaine de chevaux, dans trois lieux d’entraînement : le centre Guy Desmarais à Floréal avec ses pistes de trot et de galop, dirigé depuis près de 40 ans par Kamal Bissumbhur, les écuries de Port Louis, et le centre de Pointe aux Sables, où les chevaux bénéficient d’une piscine et de virées dans le lagon pour se détendre. Naresh Kowlessur est le chef des palefreniers. Il parle créole et fait sonner le nom Gu-ja-dhur (go-djé-dor) comme des éclats d’or. « L’écurie ? Elle est aux courses ce que le soleil est à la mer ! Depuis 37 ans, mon métier, c’est ma vie. Avec les gars, on vit, on mange, on travaille ensemble. Les entraînements commencent à 4 h 30 jusqu’à 9 heures C’est un métier difficile. On ne peut pas le faire sans passion et sans amour des chevaux. Ici, on ne court pas pour blanchir de l’argent. En coulisses, on ne joue pas, mais si on gagne, le patron nous donne un petit bonus. C’est un homme droit. Pareil pour ses deux fils. L’écurie, elle est à eux bien sûr. Mais elle est aussi dans le cœur de chacun. » UNE INDUSTRIE FÉBRILE La saison des courses est le diver- tissement favori des Mauriciens. C’est aussi, pour le Mauritius Turf Club (MTC), organisateur des courses, comme pour les bookmakers et les sociétés de pari en ligne, une industrie qui brasse des milliards. C’est enfin un défi de plus en plus périlleux pour les grandes écuries (notamment pour les Gujadhur, seuls propriétaires en propre de leur écurie) qui investissent chaque année, souvent à perte, dans l’achat et l’entretien des che- vaux. « Une chose est sûre : il nous faut trouver le bon équilibre entre tradition familiale et enjeu finan- cier », dit le Dr Hemant Kumar qui, outre sa qualité d’entraîneur, di- rige aussi la société de pari Global Sports Ltd ( Totelepep ). Pour l’heure, la saison est ouverte. Et, de mars à décembre, la capitale vit au rythme de l’hippodrome, comme si c’était un cœur qui palpite.  

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