Beachcomber Magazine 05

MAHEBOURG MUSEUM THE ART OF MEMORY 78 Sails of a 19 th century ship. Voiles d’un navire du XIX e siècle. Room dedicated to the Dutch period with a stuffed Javan deer. Salle consacrée à la période hollandaise avec un cerf de Java empaillé. au risque de s’effacer. À l’instar du Sirius que nous avons transformé en musée sous-marin », explique avec passion le Dr Yann von Arnim, membre fondateur du Mauritius Museum Council et président de la Société de l’Histoire de l’île Maurice. « On dit “les premières cartes, les premiers navigateurs”, mais qui nous dit que ce sont les premiers? On pourrait découvrir demain un objet qui reculera encore le point d’origine de cette histoire. Pour l’heure, le vestige le plus ancien laissé par l’homme à Maurice est l’épave du Banda, naufragé en 1615. Mais en 1598 les Hollandais mentionnent l’existence d’une autre épave, antérieure. Les Chinois eux-mêmes sont venus bien avant les Arabes avec une flotte imposante. Il se pourrait que l’on découvre une épave plus vieille encore complètement enfouie dans le corail ou le sable. Nous avons repéré huit cents épaves autour de l’île. La difficulté est de pouvoir les étudier. C’est une histoire sans fin... et sans commencement ! » UNE MÉMOIRE COLLECTIVE En 2000 le musée naval devient Musée national d’Histoire deMaurice. En changeant de nom, il complète l’Histoire. Ainsi, aux merveilleux trésors échoués, maquettes de vaisseaux et peintures d’illustres personnages, la collection dumusée s’enrichit de gravures, de peintures, d’objets usuels qui retracent l’histoire de l’esclavage, les migrations des chinois et des travailleurs indiens engagés. « En devenant un musée national, la vocation de notre musée est de retracer les jalons d’une histoire fondatrice, mais aussi de soutenir une mémoire collective et de la partager avec les habitants. Nous avons besoin de témoins – des visages, des objets – pour mémoriser et apprivoiser le passé. Notamment ses pans obscurs qu’il ne faut pas laisser dans l’oubli », dit Yann von Arnim, franco-germanique amoureux de l’île où il vit depuis 1977. Avant de conclure, avec la distance salutaire d’un observateur attentif : « La communauté africaine de Maurice qui est issue de l’esclavage porte en elle une zone d’ombre, quelque chose qui l’entrave. Le musée doit aider chacun à se réconcilier avec le passé, à s’inspirer de ses origines pour mieux se développer dans la vie de tous les jours. Il ne faut pas perdre de vue que chaque communauté a apporté sa contri- bution à l’édification de l’île et à la naissance du fameux Mauricien, aussi tolérant que résilient. »  

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