ROAD TRIP THE ART OF ENCOUNTER 32 Tôt le matin, le village du Morne et l’ombre de la montagne portée sur le lagon immobile. Les habitants vivent au rythme de la marée – et les dimanches sont à la plage en famille, aux improvisations de ravannes, aux parties de foot et de cartes (romi). « On cultive la terre, on vit de la pêche. Certains ont un emploi à l'hôtel. Il y a peu d'élus. Pour les jeunes c’est difficile. » Marie-Jeanne a 84 ans. « On vit modestement, mais j'irais ailleurs pour rien au monde ». Sûrement pas au Canada comme ses enfants et petits-enfants. Ni même plus près, dans les villes de Quatre Bornes ou Port-Louis. « Ici on s’entraide. Bien sûr, ça palabre, ça crée des histoires. Mais tout le village est présent aux mariages et on veille ensemble nos morts. Je serai bien accompagnée », sourit la vieille dame. Elle est assise sous l’auvent de l’arrêt de bus, mais elle ne l’attend pas. Elle goûte seulement « le lontan » (est-ce le temps long ou le lointain ?). Elle n'ira pas au village voisin qui se prépare à accueillir les processions de Ganesh Chaturthi mais elle est heureuse de l'animation soudaine. La fête, qui célèbre la naissance du dieu, bat son plein à Baie du Cap. Des banderoles de drapeaux rouges ornent le parcours de la procession. Le cortège de sari et dhoti s’avance, compact, portant à bout de bras des statues d’argile jusqu’au rivage où elles seront immergées (ainsi que les péchés de tous les hommes). L’air est saturé d’encens et de santal, de cris et de mantras, de couronnes de fleurs et de camphre. Au terme de longues litanies, prières et offrandes, une fois les statues noyées, les officiants distribuent une pomme à chacun et à tous. COMME UN COLLIER DE PERLES Seules l’histoire et la géographie pouvaient souffler pareils noms de villages et lieux-dits. Comme Bel Ombre. Doit-il son nom à la fraîcheur que dispense l’arbre “HERE I LIE. MY WHOLE HEART IS BETROTHED TO YOUR SKY.” «ME VOICI. TOUT MON CŒUR SE FIANCE À TON CIEL». Robert E. Hart
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