Beachcomber Magazine 06

SPORT THE ART OF ENCOUNTER 46 LapoignéedemaindeJo-Wilfried Tsonga est une révélation. Dans la main de ce droitier capable de servir à 230 km/h, on sent chaque doigt bardé de muscles ; résultat des années passées à tenir une raquette en assenant et en recevant des coups de boutoir. Elle laisse deviner l’histoire du combat pour conquérir une place au sommet du tennis mondial. L’ASCENSION Le petit Jo-Wilfried grandit dans un village voisin du Mans, entre les vacances à la ferme chez sa grandmère en Normandie et les parties de pêche sur les berges des rivières avoisinantes. Sa passion pour le tennis, dès l’enfance, est soutenue par ses parents. « Je leur dois beaucoup. Pour devenir un champion de tennis, il faut des parents prêts à sacrifier du temps et des moyens ». Du club local, il est admis au Pôle espoirs de la Fédération française de tennis à Poitiers, en sports-études, avant d’intégrer l’exigeante INSEP (Institut national du sport, de l'expertise et de la performance). « Suivre une telle filière a aussi été une école de la vie, de la débrouillardise, et une source d’épanouissement ». JoWilfried Tsonga brille sur le circuit junior mondial avant de faire son entrée en 2004 dans le circuit professionnel. Sa notoriété prend un coup d’accélérateur en 2008. Il a 22 ans quand il bat Rafael Nadal en demi-finale de l’Open d’Australie par 6-3, 6-2, 6-3 ! S’il s’incline en finale face à Novak Djokovic, sa renommée est faite, portée par un jeu de fond de court spectaculaire, et nourrit ensuite par dix-huit titres en simple, six demi-finales en Grand Chelem, une médaille d’argent en double aux JO de 2012, un titre de Coupe Davis en 2017… Depuis la saison 2018, Tsonga est confronté à intervalles réguliers à des plages de repos forcé en raison de problèmes de santé. C’est ainsi qu’une blessure au mollet l’a contraint à renoncer au tournoi de l’US Open 2021. LA FORCE DU CŒUR Outre son palmarès exceptionnel, il acquiert sympathie et respect grâce à sa personnalité. Derrière la puissance du fauve des courts se cache un homme simple, ouvert aux autres et heureux de son métissage. Décontracté, il regarde s’amuser, entre les cocotiers du Dinarobin Beachcomber, son fils et son épouse. Quelques jours de vraie détente en famille… « C’est l’occasion de nous retrouver à trois, hors du système des matchs et des déplacements professionnels. Si certaines personnes me reconnaissent, elles sont discrètes et amicales et respectent notre espace de détente ». Séduit par l’océan turquoise, les plages blondes, l’hospitalité mauricienne, Jo-Wilfried Tsonga, fils d'une enseignante française et d'un ancien joueur professionnel de handball originaire du Congo, est aussi interpellé par « cette terre de peuplement et de métissage». « Mon épouse a des origines égyptiennes, canadiennes, allemandes et suisses. Notre fils est né de ces parents aux origines diverses », rappelle le champion, convaincu de l’avantage « d’avoir une ouverture culturelle et d’être métissé ». La rencontre avec la petite île Maurice et son vivre-ensemble le mène à rêver qu’à l’avenir, toute l’humanité s’enrichisse de tels échanges, « comme les Mauriciens ! », lancet-il. Avant d’ajouter avec une pointe d’humour : « Il y aura des Mauriciens partout dans le monde ! » Demain sonnera aussi l’heure de la retraite. En s’appuyant sur son propre parcours et ses valeurs, le tennisman de 36 ans souhaite – notamment avec la All In Tennis Academy, une structure sports-études de haut niveau dont il est partenaire – transmettre les aptitudes et les attitudes pour devenir «des champions de la vie ». En n’oubliant pas que c’est en respectant l’autre qu’on a le meilleur avantage.  Sharing will still be the champion's ethos during his retirement. La retraite du champion sera aussi faite de partage.

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