Beachcomber Magazine 06

INSIDE MAURITIUS THE ART OF DISCOVERY 78 DÉCOR DE FÊTE Les Mauriciens attendent sa floraison avec impatience. C’est leur « arbre de Noël ». Il y a longtemps, les chauffeurs de bus et de camions avaient l’habitude de décorer leur véhicule de ses « fleurs banané » pour les fêtes de fin d’année. La coutume a disparu. Le flamboyant, lui, reste la sève de l’île. Ses racines sont pourtant malgaches comme l’explique l’écologue et botaniste brésilienne Cláudia Baider en charge de l’Herbier national de l’île Maurice. « Le flamboyant fut découvert en 1824 à Madagascar, près de Foulpointe, par le botaniste Wenceslas Bojer (1795-1856). Il nomma cet arbre le Poinciana regia qu’on appelle aujourd’hui Delonix regia. Pour Bojer, il s’agissait d’un spécimen cultivé puisque trouvé autour d’habitation. Il en rapporta des graines au Jardin Pamplemousses de Maurice ». Et bientôt l’île vécut au rythme de ses floraisons rouge cerise. Mais Bojer ne s’est pas arrêté là. Les échanges avec les jardins botaniques étrangers étaient courants à l’époque. Il envoya donc au milieu des années 1830 des graines à Ceylan et Calcutta. Elles partirent ensuite vers l’Afrique, les Antilles et en Extrême-Orient. De véritables graines voyageuses ! Un doute, pourtant, flotta longtemps sur leur provenance. « On ne confirma l’origine de l’arbre qu’en 1932. Le botaniste Leandri trouva d’autres flamboyants à Madagascar, dans les forêts indigènes de l’Antsingy et dans les gorges de la rivière Manambolo », poursuit Cláudia Baider. Outre les flamboyants, Wenceslas Bojer offrit à Maurice un livre majeur, Hortus Mauritianus, publié en 1837, qui rassemble toutes les espèces indigènes et exotiques de l’île. Né en Bohème du Sud, à Řesanice, (actuelle République tchèque), ce botaniste et naturaliste compte parmi les grands noms qui firent de Maurice un jardin d’Éden. À L’OMBRE DES FLEURS Sans le flamboyant, l’île n’aurait pas la même saveur. L’arbre s’est inscrit dans le paysage, un brin aidé. « Les flamboyants se multiplient grâce à l’homme. Nous n’avons plus beaucoup d’abeilles mellifères qui permettent la pollinisation sur l’île Maurice », conclut Cláudia Baider. Alors le flamboyant vient border une route, embellir le parvis d’une église (Saint-François Xavier à Port-Louis ou Notre-Dame Auxiliatrice à Cap-Malheureux), ombrager une plage (Flic en Flac) ou un jardin. À Triolet, à la station de bus, ses fleurs ardentes s’acoquinent au logo géométrique rouge fané du Triolet Bus Service. C’est l’arbre à palabres sous lequel les chauffeurs viennent bavarder ou faire une petite sieste, les voyageurs patienter. Restent des routes féeriques, comme celle de Médine à Bambous menant à l’usine de canne à sucre ou encore celle qui descend vers Albion. Alignés de chaque côté du macadam, les flamboyants semblent vouloir s’enlacer et se donner un baiser. Rouge passion, forcément.  At the slightest breeze, a shower of petals and the flowers of the Flamboyants carpet the ground with their crimson colours. Au moindre coup de vent, pluie de pétales et les fleurs des flamboyants tapissent le sol de leur couleur pourpre. 

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