His drawings, like his paintings, are marked by the same life force. Ses dessins, comme ses peintures, sont traversés par une même force vitale. U n cube de béton posé dans son jardin. L’atelier de Simon Back ressemble à un petit bunker. Un puits de lumière diffuse une lumière indirecte. Les murs et le sol, maculés de coulées et projections de peinture, attestent du combat. L’OUVERTURE Le peintre vient d’achever une série de toiles. Entreposées dans un coin, une à une, il les déploie. Leur format est dicté par les dimensions de la pièce. « Dans un espace plus grand, je produirais de plus grands formats », dit Simon. Il va et vient, alerte, rapide – silhouette adolescente avec son t-shirt-jean-basket. Simon Back, 55 ans, est né et a grandi à Harare, capitale du Zimbabwe, pendant la guerre civile. « Mon père, avocat, et ma mère étaient originaires d’Afrique du Sud. Ils se sont rencontrés et installés à Harare. Nous étions à la fois protégés mes deux sœurs et moi et, en même temps, très libres. Je garde en mémoire l’espace immense des plaines, l’ouverture, la sécheresse, la lumière, les saisons ». Il étudie auprès de l’artiste Helen Lieros qui, avec son mari, crée la galerie Delta en 1975, pendant la guerre de Libération. Deux mentors qui lui montrent la voie (il étudiera les beaux-arts au Cap), lui font découvrir des livres et, dans ces livres, des artistes. Les expressionnistes abstraits américains - De Kooning, Rothko, Pollock. Et Joseph Beuys, un carnet de dessins. C'est à ce moment que Simon commence à comprendre le langage de l'art. Il devine les paysages sous-jacents, les silences de la page que souligne le trait. « Si j’étais courageux, je suivrais la ligne, rien que la ligne », dit Simon Back un peu énigmatique. LA LIGNE DE VIE Une ligne, tantôt souple et dense, tantôt nerveuse et vulnérable, forme souvent dans ses tableaux des formes circulaires, comme le contour d’une tête, ou des traces linéaires. « Ce sont des marques », dit Simon. Des marques tronquées par des aplats de couleur qui semblent sur le point de tout ensevelir. « Jeneme fais pas toujours confiance. Lorsqu'un tableau se résout trop facilement, ce n'est pas forcément bon signe. De même, si une idée est trop élaborée, le processus de peinture sera restreint. Les actions spontanées, la perte de contrôle, sont indispensables. Le processus de création est une lutte continuelle entre l'ordre et la rébellion. Alors je reprends la toile, encore et encore. Ce n’est jamais fini », livre Simon. Quand une galerie lui a récemment demandé une toile en vue de l’exposer, Simon l’avait déjà fait disparaître sous d’autres traces. « Elle existe toujours, mais elle est recouverte à présent ». À bien y regarder ses toiles sont des ensevelissements ou, au contraire, des tentatives de dévoilement. Parfois, par chance, les « marques » PAINTING THE ART OF ART 86 émergent des pans de couleurs – ou des aplats de blanc - qui semblent dérober une autre aventure, celle qui se joue sous la surface. « Le blanc, c’est un désert sec qui enterre. Ce qu’il y a en dessous est important aussi. Il y a le présent, ce que l’on perçoit, et le passé, ce que l’on ne voit plus, mais qui est là ». Suivre la ligne. La ligne de vie ? Fragile et confuse, comme une pelote de laine emmêlée. Solitaire et sinueuse, comme l’averse qui désaltère la terre asséchée – et qui sait aussi déterrer les ossements du passé sanglant de son pays natal. Comme le souffle salvateur dans la parabole d’Ézéchiel que Simon aime à citer. Avant de partir, l’artiste étale sur le sol une série de dessins – fusain et acrylique. Là encore, surgit la ligne. Elle souffle un paysage, un vaisseau, un oiseau peut-être. Elle soulève un sentiment spontané, presque innocent comme une vision enfantine.
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