accompagne chacun de leurs gestes et mime l’émotion et le sens des paroles fredonnées par le Guruji. « Là où va la main se pose le regard. Là où va le regard va l’esprit. Là où se dirige l’esprit surgit l’état d’âme. De l’état d’âme jaillit le sentiment essentiel… », écrit le poète et théâtrologue ancien Nandikeshvara dans Le Miroir du geste. « Le Bharata (expression, musique, rythme) Natyam(danse, théâtre) repose sur 108 postures ou “pas dansants de Shiva” », précise Michèle. Les positions des mains et des doigts expriment autant de mots, de personnages, d’idées ou d’émotions. C’est un véritable alphabet ! À la fois technique et expressive, cette danse exige un long et difficile apprentissage, une connaissance des récits mythologiques qui nourrissent les chants, et une forme de spiritualité ». LA DANSE COSMIQUE Au terme de deux heures de préparation, la petite troupe est prête. Direction le Hindu Spiritual Park, haut lieu de pèlerinage à la Pointe des Lascars, dans le Nord, au cœur d’un îlot de nature où la rivière du Rempart rencontre la mer indienne. « Il n’y a pas plus bel endroit pour danser. La nature et la danse sont intimement liées», sourit Jaykumaren, diplômé de la prestigieuse école Kalakshetra à Chennai en Inde, où la danse et la conduite d’une vie austère, dans et par la nature, sont indissociablement enseignées. Avant que tout commence, avant que le chant, la musique, les corps dansants ne dessinent les contours sans limite d’un autre « univers », les deux maîtres et leurs élèves se placent en cercle et adressent une prière au dieu Shiva Nataraja, roi de la danse qui, en interprétant une danse cosmique, créa le monde. Ta Ka Di Mi… Sous le regard attentif de Michèle, Jaykumaren impulse le rythme et guide la danse en récitant des syllabes mnémoniques à mesure qu’il frappe une tablette en bois à l’aide d’un bâton. Les pieds nus
RkJQdWJsaXNoZXIy NjMzMjI=