IN SEARCH OF BALANCE Yet in her books, Shenaz Patel does not intend to show the “flip side of the postcard” that Mauritius represents for many. “More simply, she says, I am a Mauritian writer and the island permeates who I am and what I write. Mauritius can be calm and gentle, sometimes dark and violent, and I try not to hide any of its aspects. I come from this country, but I don’t owe it anything.” In Mauritius, Shenaz Patel sees a very rich “breeding ground of otherness”, a little melting pot of many civilisations lost in the middle of the ocean. “On the island, space is limited, others are always very close by, sometimes too close. The only escape is exile. You have to find a balance with yourself and other people, and to preserve this balance,” she concludes subtly, “in life as in writing, you have to funambulate.” Latest published books: Manifeste pour la lecture, Ed. Atelier des nomades, 2023. Funambuler, Ed. project’îles, 2022. J’ai failli m’appeler Shéhérazade », raconte Shenaz Patel. Comme le titre d’une suite symphonique de Nicolaï Rimski-Korsakov, un des disques préférés de ses parents, qui partageaient un même amour de la musique. Finalement, le nom de la princesse des Mille et Une Nuits se transforma en Shenaz, mais l’écrivaine y voit comme un présage de ce qu’elle est devenue : une conteuse, elle aussi. À la différence de Shéhérazade qui tirait son inspiration de contes et légendes venues du monde entier, Shenaz Patel a construit son univers d’écrivaine sur son pays natal, l’île Maurice. « On n’écrit bien, dit-elle, que sur ce que l’on connaît bien.» L’influence de l’île se fait sentir jusque dans la lumière, les couleurs, les odeurs, et même les sons qui habitent ses livres. LITERATURE THE ART OF ENCOUNTER 40 EN LISANT EN ÉCRIVANT «J’ai Maurice dans la peau, dit-elle, parce que c’est le pays de l’enfance et que tout ce qui vient de l’enfance est indélébile. » Née à Rose Hill dans les années soixantes d’un mariage mixte – ce qui n’était pas chose courante, quand ce n’était pas jugé scandaleux – entre un ingénieur musulman d’origine indienne et une secrétaire catholique créole, Shenaz Patel a été une enfant plutôt solitaire et timide, plongée comme ses parents dans les livres et la musique : «La passion de lire ne m’a jamais quittée, elle m’a nourrie et aidée à résister au chaos de la vie.» Shenaz Patel se met à écrire encore gamine, mais la pudeur l’empêche de montrer ses textes. Après des études de lettres à La Réunion, elle revient à Maurice. Son intérêt pour son pays et ce qu’elle appelle sa mentalité d’« exploratrice » lui font choisir le journalisme. « Le monde réel m’intéressait, mes parents étaient très engagés sur le plan syndical. L’injustice me touchait profondément. J’étais persuadée de manière romantique, presque utopique, qu’écrire pouvait changer les choses et que le journalisme servait à ça. Je le crois encore. » Mais si son travail de journaliste engagée la comble, son désir d’écriture va au-delà. La trentaine venue, Shenaz Patel ose enfin publier des nouvelles, puis deux romans, Le Portrait Chamarel et Sensitive. Elle s’essaie aussi au théâtre, au conte, aux albums pour la jeunesse : « Je suis fascinée par ces façons multiples de raconter des histoires, je me demande toujours quelle est cette alchimie secrète qui fait naître dans les histoires d’autres vies que celle qu’on vit. » TERRE NATALE, TERRE FATALE Dans ses textes, Shenaz Patel alterne ses «deux langues maternelles», le français et le créole. Selon elle, il ne faut pas opposer les deux, car “MAURITIUS IS IN MY BLOOD, BECAUSE IT’S THE LAND OF MY CHILDHOOD AND EVERYTHING THAT COMES FROM CHILDHOOD IS INDELIBLE.” « J’AI MAURICE DANS LA PEAU, PARCE QUE C’EST LE PAYS DE L’ENFANCE ET QUE TOUT CE QUI VIENT DE L’ENFANCE EST INDÉLÉBILE. » «
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