Beachcomber Magazine 07

1833 par les Britanniques. Pause à La Gaulette. Un pêcheur sympathique nous emmène en bateau sur la petite île aux Bénitiers. Sa forme lui a donné son nom, à moins que ce ne soient les coquillages « bénitiers » qui peuplaient hier encore, dit-on, ses eaux translucides. Ils sont rares désormais. Gare à ne pas glisser un doigt à l’intérieur ! Ils se ferment alors et ne se rouvrent pas. « Il y a déjà eu plusieurs accidents comme ça », dit Yan, un habitué des fonds marins. Non loin, Mario, la soixantaine heureuse, est venu passer la journée sur son îleparadis avec des amis et sa boisson faite maison. « C’est du rhum arrangé, parfumé de fruits, et quand tu en bois un peu trop, c’est toi qui n’as plus rien d’arrangé ! » dit-il en éclatant de rire. On resterait bien là, à papoter et refaire le monde mais le vent nous souffle déjà de partir. Demain, le réveil sera matinal. VERS LE MORNE ET… L’INFINI ! La forêt s’éveille lentement dans le chant premier des oiseaux. La cascade de Chamarel est encore dans l’ombre de la nuit. Le soleil embrase un coin de ciel, rose électrique. Vite, les Terres des Sept Couleurs ! Curiosité géologique, ces dunes de velours se teintent d’ocre ou de violine selon la lumière. Le soleil est déjà haut quand nous rejoignons la forêt privée Ebony, sanctuaire des espèces endémiques de l’île. L’ébénier en fait partie. Le parcours se fait dans un silence épais. Les oiseaux se sont tus dans la touffeur du jour. C’est au petit musée que l’on découvre les causes de la déforestation massive de l’île : l’exploitation forcenée du bois d’ébène et des grands arbres, la construction navale au XVIIIe, l’agriculture par le brûlis, la culture intensive de la canne à sucre, l’introduction d’animaux, dont les singes… Aujourd’hui, il ne reste plus que 2 % des forêts originelles. Des régions protégées ont été aménagées. Ainsi le parc national des gorges de Rivière Noire. À la hauteur de Pétrin, Vincent Florens, professeur d’écologie à l’université de Maurice, visite les lieux avec ses étudiants. « Cette forêt est protégée mais cela ne suffira sans doute pas à la sauver, dit-il. La faune a disparu. Il ne reste que ROAD TRIP THE ART OF ENCOUNTER 30  9 espèces d’oiseaux indigènes alors qu’on en comptait 44, dont le dodo ». Le lendemain, aux aurores, on traverse le village du Morne en même temps qu’une mobylette klaxonnant à tue-tête. C’est l’un des derniers vendeurs de lait caillé. La montagne du Morne Brabant se rapproche, incroyablement imposante. Refuge hier des esclaves en fuite, c’est aujourd’hui un lieu de mémoire classé au patrimoine mondial de l’Unesco. La montagne ne se laisse pas prendre facilement. L’ascension est rude. Se coller à la paroi pentue à 40 %, s’agripper, grimper sans regarder en bas. Et soudain, la vue se fait magique. Le lagon, l’océan et des vagues de verdure dans les montagnes… On est sur le toit du monde. Seul, avec le vent.  Amazing natural composition on this bottle palm tree trunk, endemic to Mauritius. Étonnante composition naturelle sur le tronc d’un palmier bouteille, endémique de l’île Maurice. Blending shades of green and blue at the foot of Le Morne Brabant mountain. Rencontre des verts et des bleus au pied de la montagne du Morne Brabant.

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