Beachcomber Magazine 07

multi-identity, its hybrid culture. You have to leave the island to realise that!” Mariam Sheik Fareed started with short story competitions, which she often won. Fascinated by the oral tradition of passing on tales, she took part in a story festival in a village in Mali. For three years she was a journalist with the Mauritian daily paper L’Express, then she taught French, before devoting herself full-time to the eco-lodge. She is also involved in Utopia 56, an association helping migrants, founded in 2015 after the dismantling of the Calais “jungle”. She is currently working on her second novel, which starts with the chance meeting of four young women in a café in Lorient. Not completely by chance, either. It was from Lorient, in Brittany, that the boats used to leave for the Mascarene Islands many years ago. The two sides of the life and imagination of Mariam Sheik Fareed.  Latest published book: Le syndrome de l’accent étranger (éditions Philippe Rey, 2021) is now published as a paperback (J’ai lu, 2022). Together with Mohamed Mbougar Sarr (Prix Goncourt 2021), Mariam Sheik Fareed will be at the Trou d’Eau Douce Book Festival in Mauritius from 6 to 9 October, 2022. See p.116. Mariam Sheik Fareed n’a rien inventé. Le « syndrome de l’accent étranger », qui donne son titre à son premier roman, existe. C’est une maladie très rare, qui touche des victimes d’un choc crânien ou d’un AVC : sans qu’on sache pourquoi, elles se mettent à parler leur langue LITERATURE THE ART OF ENCOUNTER 34 avec un fort accent étranger. « Cette énigme médicale m’a beaucoup frappée », explique Mariam Sheik Fareed, née en Angleterre d’un père mauricien et d’une mère bretonne. Sa langue maternelle est l’anglais, mais elle écrit en français, et elle parle couramment le créole, et un peu le breton : « Finalement, on a tous un peu un accent étranger. On vient tous d’ailleurs, par hasard ou non, et on doit tous s’adapter, faire preuve de résilience ». UN ROMAN GIGOGNE Ce syndrome bizarre est au cœur de son roman, il en est la métaphore. Tous ses personnages sont un peu perdus ou en pleine crise d’identité. Écrivain débutant, Alex oublie son ordinateur dans le métro parisien. Désiré, un balayeur mauricien sans papiers, le retrouve et lit le texte inachevé d’Alex. Ce dernier ne sait pas quoi faire de son héroïne, Sophie, une galeriste d’art, atteinte du fameux syndrome et en plein désarroi existentiel. Désiré, lui, a plein d’idées dans la tête, mais ne sait pas les écrire. Alors, il fait savoir à Alex qu’il ne lui rendra son ordinateur que s’il termine le roman, et qu’il est prêt à l’aider. Il lui suggère ainsi de transporter le personnage de Sophie à Maurice, pour qu’elle y commence une nouvelle vie… Et Alex se remet au travail. Le syndrome de l’accent étranger a d’abord été publié en auto-édition, avant d’être repéré et réédité à Paris par Philippe Rey, lui-même Mauricien d’origine. Construit comme un roman gigogne, le livre ressemble à son autrice. Mariam Sheik Fareed a eu plusieurs vies, plusieurs ports d’attache. Londres d’abord, où elle est née et a grandi, et où travaillait son père, descendant d’un « engagé », parti d’Inde à la fin du XIXe siècle comme des milliers d’autres pour travailler dans les champs de canne à sucre de Maurice. La presqu’île de Quiberon, ensuite, en Bretagne, d’où vient sa mère, fille d’agriculteurs devenue infirmière, et où Mariam Sheik Fareed vit actuellement. Et RoseHill, à Maurice, où vivait sa grandmère paternelle et où elle a passé de nombreuses vacances. « Mon père a fait sa scolarité dans une public school, dans une ambiance à la Harry Potter », sourie-t-elle. « Ma mère est née sur la table de la ferme familiale et petite, a gardé les bêtes. Tous les deux se sont rencontrés par hasard “WE ALL HAVE A FOREIGN ACCENT. WE ALL COME FROM ELSEWHERE.” « ON A TOUS UN ACCENT ÉTRANGER. ON VIENT TOUS D'AILLEURS ». 

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