Beachcomber Magazine 07

INSIDE MAURITIUS THE ART OF DISCOVERY 68 VOYAGE À REBOURS Avant de découvrir la salle du fameux dronte de Maurice, la déambulation se fait parmi les oiseaux indigènes et endémiques des Mascareignes (hiboux, chouettes effraie, aigles dorés, grands flamants roses, perroquets, perruches, oiseaux d'amour… ),les roches, fossiles et spécimens géologiques, les collections de papillons, reptiles et amphibiens, tous mis en scène dans leurs écosystèmes respectifs. La nouvelle Fish Gallery est l’occasion d’une immersion éblouie parmi les perciformes (dont un immense marlin bleu cobalt aux flancs argentés doté d’une mâchoire en forme de lance et un remarquable espadonvoilier, sa nageoire dorsale toute déployée), des spécimens rares comme le dugong sauvé de l’oubli, le poisson-lune étonnamment solaire, la tortue luth géante ou le crâne d’un cachalot... « Le musée collabore avec la Mauritian Wildlife Foundation pour renouveler et enrichir la collection. Certains spécimens sont en voie de disparition ou en danger », explique Vikash Rupear, ancien conservateur et actuel directeur, qui se réjouit de l’animation qui règne dans le musée. « C’est un lieu pour s’émerveiller, s’instruire et se souvenir de la richesse et de la fragilité de la nature. À sa façon, le musée participe à la prise de conscience du défi environnemental auquel la planète est confrontée ». LE TEMPLE DU DODO Enfin, merveilles de rareté, les trois squelettes de dodo, protégés par des vitrines en verre. Disparu à la fin du XVIIe siècle, moins d’un siècle après sa découverte, « l’oiseau qui ne volait pas » est devenu le symbole de l’extinction animale. « La première reconstitution d’un dodo a pu se faire en 1865, à partir d'ossements découverts par un maître d'école de Mahébourg, George Clark, et par Harry Higginson, jeune ingénieur civil qui travaillait à la construction du premier chemin de fer mauricien. Des squelettes composites ont été alors vendus à différents musées en Europe. Ce n’est qu’en 1904 que le Français Louis Étienne Thirioux, installé à Maurice à l’âge de 24 ans, a exhumé de la tourbe de Mare-aux-Songes l’unique squelette complet provenant d’un seul et même oiseau, exposé depuis au musée », dit avec fierté le directeur. Des recherches ont révélé que le dodo dérive de lignées de pigeons asiatiques. L’espèce a évolué en fonction de la géographie et de l’histoire. Longtemps, les îles des Mascareignes, nées de volcans sous-marins, n’ont eu aucun contact avec la faune du continent. Le dodo, comme le reste de la nature endémique, s’est adapté à ce contexte pacifiste, et, dans un mouvement qui se compte en millions d’années, ses ailes atrophiées, il a perdu sa faculté de voler. SE SOUVENIR DU FUTUR Depuis 2005, grâce aux équipes internationales de scientifiques, le riche sanctuaire d’ossements de Mare-aux-Songes livre un à un ses secrets. On sait désormais que le dronte n'était pas aussi gros que le laissaient supposer les croquis d'époque. Il devait peser 10 à 13 kilos. De même, la cause directe de son extinction serait due principalement à l’introduction d’espèces exotiques prédatrices, comme les rongeurs ou les chiens. En 2022, une équipe de biologistes de l’université d’Oxford a annoncé avoir entièrement déchiffré le génome d’un dronte. Quelle sera la prochaine étape ? Le clonage et la réintroduction du dodo ? « L’histoire n’est pas finie. Le musée est aussi dehors ! », conclut le directeur, inquiet toutefois du commerce des ossements qui participe à la dispersion du patrimoine mauricien.  Skull of a sperm whale (Physeter macrocephalus). Its enormous head (one third the length of its body) contains a light oily fat (spermaceti). Vulnerable species. Crâne d’un cachalot (Physeter macrocephalus). Sa tête énorme (un tiers de la longueur du corps) abrite une graisse huileuse légère (spermaceti). L’espèce est en danger. 

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