Beachcomber Magazine 08

PAINTING THE ART OF ART 78 Dès l’enfance, il n’a de cesse de recouvrir de craies de couleur les ardoises et les tableaux noirs. Encouragé par ses parents – sa mère exécute de splendides tapisseries – et ses professeurs, Khalid Nazroo choisit en 1974 la Ville Lumière : Paris. Il reçoit une bourse française et entre à l’Académie des beaux-arts– où il est reçu premier. Avide de connaissance, il s’initie à toutes les techniques – lithographie, linogravure, dessin, sculpture, peinture, céramique, vitrail –, tous les matériaux – pastel, gouache, huile, fusain, sanguine. Quand il n’est pas sur les bancs de l’École, il dévore, insatiable, musées, galeries et bibliothèques. Comme lui, Paris est en pleine effervescence artistique avec la construction du centre Georges Pompidou, un ovni en 1977. « Je suis un enfant de Beaubourg », s’émerveille encore Khalid. HORIZONS DE COULEUR « Va à la recherche de Wilfredo Lam ! Va à la recherche de Matisse et des Fauves ! », lui souffle son professeur comme autant de miroirs dans lesquels le jeune Nazroo pourrait se reconnaître. Il s’empare des monstres sacrés, découvre Lam au MoMA à New York, suit les traces de Matisse jusqu’au Maroc, rencontre d’autres alliés, d’autres horizons de couleurs, en Asie, en Afrique. Il assimile les palettes, les histoires de l’art en Occident, en Orient. « J’ai pris le temps d’apprendre et d’oublier, sourit Khalid Nazroo. Je connais la peinture – étudiant, on m’appelait déjà “le professeur” ! Je ne crois pas au peintre amateur. Pour créer, il faut savoir. Mais une fois le savoir assimilé, il faut oublier. Alors, on connaît vraiment. Il y a toujours l’ombre des autres sur vous, mais elle est intégrée. Sinon, comment devenir soi-même ? » L’ANTRE DE LA CRÉATION Avant même de finir son cursus, le Fonds d’art contemporain à Paris real motifs. You have to take the time to achieve this distance from reality and manage to simplify forms.” GO OUT AND DISCOVER YOURSELF! Nazroo has been teaching at the Mauritius Institute of Education (MIE) for almost 40 years, and enjoys transmitting his passion, inviting all of his students to “go out and discover”. “Some have settled abroad,” says the artist, evidently delighted. “My paintings have been sold and are dispersed around the world. But in Mauritius, the various institutions have never been tempted.” However, every day the master follows the path of the sun, which deepens the shadows and enhances the volumes. “I draw at the end of the day, when the light is wavering and requires quick work. I rely on the speed of the pencil... I take as much pleasure as ever. I’m still the five-year-old child I once was. I like to play. The act of creating is full of joy and makes me happy.” When we say goodbye, his words (which sound like an oracle to me) are: “Go for a walk on the beach, just before sunrise.”  6 : One of the paintings of the Montagne de Moka diptych, 2018. Mixed techniques. Un des tableaux du diptyque Montagne de Moka, 2018. Techniques mixtes. 6

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