Beachcomber Magazine 08

fichés, photographiés, ils passaient un contrôle sanitaire et recevaient un numéro d’immatriculation gravé sur une plaque en étain. Les malades étaient envoyés en quarantaine sur l’île Plate, au large de PortLouis. Les autres attendaient dans des abris d’être alloués à des propriétaires blancs, le plus souvent des planteurs de canne à sucre, encore imprégnés de la mentalité esclavagiste. C’est ainsi que plus de 450 000 « engagés » d’origine indienne furent embauchés à Maurice comme «laboureurs» (de l’anglais labour, travail) sur les plantations. Leurs conditions de vie étaient sensiblement les mêmes qu’au temps de l’esclavage : 12 heures de travail par jour, brimades, coups de fouet, malnutrition, interdiction de circulation sans permis. Il fallut plusieurs mouvements de révolte pour que les « laboureurs » conquièrent peu à peu droits et dignité. L’IDENTITÉ MAURICIENNE Devenus la force de travail principale de l’île, ces « engagés » ont contribué grandement au développement et à la richesse de Maurice. Aujourd’hui, leurs descendants forment environ 70% de la population du pays. Le succès de l’« engagisme » à Maurice inspira d’autres pouvoirs coloniaux, si bien qu’on estime à deux millions le nombre de travailleurs «engagés» envoyés à la même époque à travers le monde : à Maurice, mais aussi à La Réunion, en Afrique australe, aux Antilles et même en Australie… Ce système, à l’origine de la première grande vague migratoire du monde moderne, a perduré jusqu’aux années 1920. Après une période d’oubli et d’abandon du site, c’est en 1987 que le Centre d’immigration a été renommé «Aapravasi Ghat». The workers are encouraged to come to Mauritius to lift the rocks and find gold. Les travailleurs sont incités à venir à Maurice pour soulever les roches et y trouver de l’or. The Port Louis shelter converted into a museum. Le hangar de Port-Louis converti en musée. En 2002, des fouilles archéologiques ont eu lieu, suivies d’un grand chantier de restauration. En 2006, le site a été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et un musée, essentiel pour comprendre l’histoire de Maurice, a ouvert ses portes. Avec la montagne du Morne où se réfugièrent nombre d’esclaves fugitifs, classée elle aussi au patrimoine mondial, l’Aapravasi Ghat constitue un lieu de mémoire très fort pour les Mauriciens, un creuset d’identité nationale. Sur l’un des murs du musée, on peut lire un long poème d’Abhimanyu Unnuth, grand écrivain mauricien et lui-même descendant d’engagé : « Je me rappelais la rougeur des fronts / Les gouttes de sueur brillant sur les poitrines nues / Leurs tendres rêves / Tendres comme des pétales rouges / Transformés en cendres / Consumés dans la chaleur du soleil brûlant / Cet immigrant inconnu ». Un tombeau symbolique pour plus de 450 000 « coolies ». 

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