Beachcomber Magazine 08

INSIDE MAURITIUS THE ART OF DISCOVERY 60 Le jour n’en a plus pour longtemps. Sur la plage d’Albion, les « enfants » d’Abaim se placent en cercle autour d’un grand feu dressé et chauffent la peau de cabri de leur instrument. Au bord du lagon, les ravannes s’essayent, se cherchent et s’accordent comme un seul cœur qui bat. Le rythme couvre bientôt le grondement des vagues sur le récif. Les maravannes (tiges de fleurs de cannes emplies de graines) ruissellent et creusent la houle tandis que les tintements des triangles ponctuent les contretemps. Les corps et les jupons ondoient sur un rythme ternaire. Chants et « choule » (onomatopées) appellent la nuit. «En bas, en bas», lance Krys à l’adresse de Shaniza. Face à face, les deux danseurs s’agenouillent progressivement en s’arcboutant en arrière, bras tendus à l’horizontal. Les cris fusent. Éli-é-la-éla-é. Les bustes ondulent d’avant en arrière, puis de façon circulaire, tout en enroulant le bassin. On est à l’acmé de la danse. L’obscurité progresse. Plus rien ne retient le rythme… Si ce n’est, à l’improviste, un son net et tranchant, frappé à l’intérieur des ravannes, qui, soudain, suspend la musique. Aussitôt, les corps s’immobilisent. Au bord du vide, on retient son souffle avant que ne roulent à nouveau les tambours, ivres de leur puissance. L’intensité redouble. Dans les mélopées syncopées, dans les corps qui tournoient sans jamais se toucher, qui s’appellent pour mieux se dérober, dans les phrasés et les cris qui attisent l’instant, se lève une mémoire vive et incandescente. Celle qui relie le présent au passé. L’INSTRUMENT DE RECONQUÊTE Fondée en 1982, l’ONG Abaim est devenue le fer de lance de la culture et de la langue créoles en initiant notamment Lekol Ravann dans le quartier défavorisé de Barkly 12, 13 : Marousia Bouvery, like all the members of the group, is dressed by Florence Drachsler, globetrotter and costume maker. Marousia Bouvery, comme tous les membres du groupe, est habillée par Florence Drachsler, costumière globetrotter. 14 : The bare or use of the arms as “containers of emotions”, demonstrated by Emmanuel and Mathéo. In the background, Eloanne and her friends. Le bare ou l’utilisation à profusion des bras comme « conteneurs d’émotions », exécuté par Emmanuel et Mathéo. À l’arrière-plan, Eloanne et ses copines. 12 15 : The vann-vanne or whirling of the young girls, who spread their skirts in circular movements. Raksha, and Maria in the background. Le vann-vanne ou le tournoiement des jeunes filles, qui déploient leurs jupes dans des mouvements circulaires. Raksha, et Maria à l’arrière-plan.

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