Beachcomber Magazine 08

 (Beau Bassin), puis le groupe musical Abaim, qui signe les titres cultes Ti Marmit et Tizan. «Au-delà du groupe, la pratique de la ravanne est au cœur de notre pédagogie. Elle nous ramène à une histoire passée et au chemin qu’il reste à parcourir. Elle nous invite à la transmettre, à la dynamiser, à l’embrasser », dit Marousia Bouvery, directrice du groupe et coordinatrice de l’association. « La ravanne, comme un doudou, est un objet transitionnel, capable de faire remonter à la surface des émotions enfouies. Sa pratique peut servir d’exutoire et de catharsis. C’est un instrument de découverte et de reconquête de son identité», souligne Alain Muneean, co-fondateur d’Abaim. Son ancienne élève, l’anthropologue Daniella Bastien, est aussi poétesse et ravannière : «L’esclavage est une page sombre de notre histoire, d’où sont nés une langue, une musique, un instrument. Ce sont les résultats de cette déshumanisation. Le sega tipik et la langue créole portent quelque chose de douloureux. Mais, paradoxalement, la danse est lascive, voluptueuse. L’ensemble est une douloureuse beauté.» UN SON À TRAVERS LES ÂGES Le séga puise son origine dans l’histoire des grandes plantations esclavagistes de l’Isle de France. Au XVIIIe siècle, des milliers d’esclaves acheminés depuis Madagascar et l’Afrique de l’Est par les colons français s’échinent à transformer l’île en plaque tournante du commerce du sucre. «Pour se comprendre et former une communauté, les 14 13 15

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